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Daratt

 

 

Compte rendu de l’intervention sur le film Daratt associant Sébastien Gayraud à la classe de TES

 

Peu de volontaires en ce vendredi 3 avril pour défendre le film de Mahamat Saleh Haroun dans le cadre de Jeunes et Lycéens au Cinéma. Seul enthousiaste, peut-être, le professeur d'Histoire-Géographie (l'auteur de ces lignes). Pour rappel, au moment où le film est tourné, le Tchad est en proie à une guerre civile qui dure depuis plus de 40 ans. Celle-ci débute 5 ans après la décolonisation du Tchad dont l'indépendance est proclamée en 1960. Il s’agit alors d’une révolte contre le  régime de François Tombalbaye. Elle se termine par l'établissement en 1979 d’un gouvernement d'union nationale constitué de différents groupes rebelles nordistes et présidé par Goukouni Wedeye. Cependant, celui-ci entre en conflit avec son ministre de la Défense Hissène Habré. C’est le début de la deuxième guerre civile tchadienne. Chassé du pouvoir par Hissène Habré, Goukouni Wedeye se réfugie au nord du pays où il est aidé par la Libye de Kadhafi. En 1983, les forces libyennes occupent le nord du Tchad. Finalement, Hissène Habré, reconquiert le Nord avec le soutien de la France et des États-Unis. Un cessez-le-feu, signé en septembre 1987 marque  la victoire d'Habré. Mais il est à son tour renversé en  1990 par le général Idriss Déby, l’actuel dirigeant tchadien. Hissène Habré est soupçonné d'être responsable de la mort de presque 40 000 personnes. Depuis 2005, des rebelles soutenus par le Soudan, pays « islamiste » voisin menacent le pouvoir d'Idriss Déby.  Ils sont même prêts de s’emparer d’ N'Djamena, la capitale tchadienne  quand Mahamat Saleh Haroun tourne avec son équipe. Cela explique peut-être les maladresses d'un film fait dans l'urgence. En réalité, le réalisateur préfère ces conditions de travail. Certes, les raccords sont parfois faux (Atim avec ou sans sandalettes d'un plan à l'autre). Certes les ficelles sont parfois grosses. Il y a, par ailleurs,  des incohérences. Ainsi que devient l'amitié entre Atim et Moussa ?  Le projet d’adoption par un criminel de guerre  du fils d’une de ses victimes est peu crédible.  La fin  de Nassara, le criminel de guerre est considérée par certains comme « trop heureuse». Cependant, la parabole n'en demeure pas moins puissante. Ce western d’une lenteur déconcertante, pose la question de savoir ce qui fait un homme : venger son père pour satisfaire la haine aveugle de son grand-père, faire preuve d’humanité en épargnant l’assassin, se racheter et réintégrer la communauté des hommes en se montrant pieux et généreux…De façon explicite, il y a dans ce film, comme dans Tetro, une réflexion sur la paternité et de la filiation. Le caractère « très masculin » de la sélection de films proposée dans le cadre de Jeunes et Lycéens au Cinéma cette année,  est de cette manière également confirmé .  

 

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