Les artistes victimes des nazis et du régime de Vichy
Des artistes marqués par l'expérience de l'internement et de la déportation
La guerre et le génocide ont eu un impact sur le travail d’un certain nombre d’artistes. C’est le cas de Marc Chagall, né le 7 juillet 1887 à Vitebsk en Russie, et mort le 28 mars 1985 à Saint-Paul-de-Vence, France. Il était un cubiste et expressionniste juif. Il a étudié l’art à Saint-Pétersbourg et a déménagé à Paris en 1910. Il a fait un voyage en Russie en 1914 quand la Première Guerre Mondiale a éclaté. Il était donc retenu en Russie où il a créé l’Ecole artistique de Vitebsk, la première école d’art en Biélorussie ; Vitebsk, ville où il avait été nommé Commissaire d’Art. Chagall a passé les années entre les guerres mondiales en France et il n’a pas réalisé le danger lié à la mise en place du régime de Vichy et à l’occupation. A ce moment-là il ne pouvait plus fuir. Pendant la guerre les thèmes de ses œuvres étaient surtout la violence et la perturbation. Il a utilisé l’image de Jésus et sa crucifixion pour symboliser les victimes de la persécution, leur souffrance et les horreurs de la guerre. Après la guerre il est retourné en France où il est mort presque quarante ans après.
Ensuite, il y a eu la grande fuite d’un artiste dégénéré nommé Kurt Schwitters, né le 20 juin 1887 à Hanovre, Allemagne, et mort le 8 janvier 1948 à Kendal en Grande Bretagne. Il était un cubiste et un expressionniste dont l’art était dégénéré selon les nazis. Il a étudié l’art et a développé sa propre forme d’art qu’il appelait Merz. C’était une forme de Dada dans laquelle Schwitters a utilisé des déchets pour construire des collages. Son art étant dégénéré, il a fui à Lysaker en Norvège d’où il a aussi dû fuir quand les Allemands ont envahi la Norvège. Arrivé en Grande Bretagne, il a été interné pour 17 mois. Pendant ce temps-là il avait à sa disposition un studio dans le camp où il pouvait continuer à crééer. Après la guerre, il est resté en Angleterre.
Le cas d’Emil Nolde est plus particulier. C’est un artiste dégénéré nazi. Né le 7 août 1867 à Nolde en Allemagne, il est mort le 13 avril 1956 à Seebüll en Allemagne. Il était expressionniste mais aussi sympathisant des nazis. D’abord il a travaillé comme dessinateur technique et il a fait des sculptures de bois. Après avoir eu du succès avec des cartes postales qu’il a illustrées, il s’est installé comme artiste. Après son mariage en 1902, il a changé son nom de Hansen à Nolde. Pendant les années 1906 et 1907 il faisait partie de Die Brücke, mais l’a quitté à cause de différends personnels. En 1934, il rejoint les nazis et affirme qu’il vénère le nazisme. Il trouve d’ailleurs à l’époque qu’ on doit faire honneur au travail fait par le régime. Il a même dénoncé son ami Pechstein au ministère de la propagande. Pourtant son art était déclaré dégénéré et parmi ses œuvres, 1052 ont été confisquées. Il a dit, « Si je luttais toujours, dès que je suis artiste, contre la déculturation de l’art allemand, contre le commerce illégal d’objets d’art et contre la suprématie imposante des juifs dans toutes les domaines artistiques et si j’étais attaqué et persécuté par la cause pour laquelle et avec laquelle j’ai lutté, il devrait y avoir des erreurs et des malentendus qui devraient être élucidés ». Pendant la guerre, il n’a peint que quelques aquarelles car les nazis lui ont interdit de peindre. Après la guerre, la femme de Nolde est morte et il s’est remarié.
Enfin il y a eu un artiste qui est mort car il était qualifié d'artiste dégénéré. Ernst Ludwig Kircher, né le 6 mai 1880 à Aschaffenburg, Allemagne, et mort le 15 juin 1938 à Frauenkirch en Suisse. Il était un expressionniste diffamé par les nazis. Il a étudié l’architecture et l’art à Munich. En 1905 il a fondé Die Brücke, un groupe expressionniste à Dresde, avec Fritz Bleyl, Erich Heckel et Karl Schmidt-Rottluff. Ce groupe a été dissout en 1913. Pendant la première guerre mondiale, Kirchner a été renvoyé de l’armée à cause d’une dépression nerveuse. Dès 1918 il a vécu à Frauenkirch. Avec la prise de pouvoir des nazis, la carrière artistique de Kirchner était finie. Il est exclu de l’Académie des Arts de Berlin et environ 640 de ses œuvres sont confisquées. Ceci l'a beaucoup fait souffrir : il se sentait isolé et découragé et par conséquent, ses problèmes de santé se sont aggravés, en particulier sa dépression et sa maladie intestinale. Pendant ces années, son art reflétait ses conflits internes : Il a même voulu faire une œuvre illustrant l’apocalypse ; pourtant, il ne l’a jamais réalisée. N’ayant reçu aucune lettre de félicitations pour son 58ème anniversaire, tellement déçu et tourmenté il se suicide le 15 juin 1938.