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      Nous venons de voir qu'un grand nombre de personnes et de mouvements s'unissent dans un même but : informer malgré tout. Ils préconisent alors la diffusion d'une presse clandestine leur permettant d'éviter au maximum la censure, par la multiplication de divers moyens et diverses stratégies. Néanmoins la répression est en grande partie présente, notamment dans les zones occupées par les Allemands. Dans cette politique, ces derniers sont de plus en plus soutenus par les autorités de Vichy où les prisons, les camps d’internements sont prévus sur le territoire français pour les étrangers, mais aussi la police collaborationniste de Vichy, que ce soit à l'échelle régionale, départementale ainsi que locale. En effet, des listes interdisant la publication et la diffusion de certains ouvrages furent établies par les censures allemandes et françaises, engendrant la suppression de milliers de titres. Lorsque ces écrits ne sont pas censurés, ils se doivent de respecter un grand nombre de consignes. En effet, le régime de Vichy codifie la censure sous forme de "consignes" écrites imposées à la presse. Ces milliers de consignes, certaines permanentes d’autres temporaires, visent les mises en page, intitulés, choix des sujets, choix des caractères typographiques. Non respectées, ces consignes peuvent conduire à des mesures temporaires de suspension voire à l'interdiction de publication. Il y a également des restrictions de tirage (2 feuilles petit format) dues aux distributions arbitraires de papier dépendant des services allemands de la Propaganda Abteilung, et les difficultés économiques rencontrées. Les occupants censurent donc beaucoup de ces tracts et journaux à travers la Propaganda Abteilung (service de propagande nazie du commandement militaire allemand en zone occupée, en France du 18 juillet 1940 jusque août 1944) en zone nord, mais aussi à travers la pression du secrétariat général de l'information en zone sud. Par exemple dans les Alpes-Maritimes, 187 arrestations pour faits de résistance eurent lieu, parmi lesquelles celles du commandant Corniglion-Molinier (fondateur de La dernière colonne avec Emmanuel D'Astier de la Vigerie). Les écrits devant être imprimés la nuit, l'opération nécessite un nombre restreint de personnes car les imprimeries sont surveillées par la police à toute heure du jour comme de la nuit.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

S'ajoute à ça le problème du bruit que font les machines, ce qui augmente les risques pris par ces résistants, et ajoute alors un handicap supplémentaire à la réalisation et à la diffusion de ces écrits. De plus, des problèmes d'ordres techniques se manifestent essentiellement pour la conception, la réalisation, le financement et la diffusion des journaux. Premièrement concernant la conception et la réalisation, de nombreuses limites apparaissent car il est de plus en plus difficile de se procurer le matériel nécessaire à l'établissement de ces écrits. Par exemple, le préfet de police de Paris interdit aux fabricants de vendre des appareils duplicateurs et tous papiers pouvant servir de tracts ou journaux. Les résistants doivent également faire face à des problèmes de rédaction car cette opération demande un grand nombre d'informations pouvant être publiées, et ainsi faire face au désintérêt croissant des lecteurs à la vue d'informations censurées et instrumentalisées. Or ces sources sont extrêmement contrôlées par l'occupant et le gouvernement de Vichy. Mais, malgré les moyens mis en œuvre pour collecter des informations, le problème du financement perdure et s'avère être un frein à la réalisation de tels écrits jusqu'en 1943. Au début, cette presse clandestine était financée en majorité par des dons que faisaient les résistants eux-mêmes, mais pouvait être aussi financée par des amis ou des lecteurs. De plus, à cette époque, les coûts du papier augmentent en même temps que les difficultés pour se le procurer. Des problèmes de production se mêlent également aux problèmes de réalisation, puisque certains de ces écrits ne paraissent qu'une fois par mois et n'incluent généralement que quelques pages seulement. Ils ne sont, de plus, accessibles que pour une très faible proportion de la population. Ces papiers ne correspondent malheureusement pas à un tirage très élevé. Il s'agit le plus souvent de 100 à 1000 exemplaires par numéro.

 

 

En outre les difficultés d'impression ne cessent de croître. On note en effet une pénurie de la matière première imposée par les autorités allemandes afin de maintenir la répression. C'est le cas de normes gouvernementales qui interdisent l'achat de Ronéo (duplicateur reproduisant des textes), d'encre et de papier sans la détention d'une justification professionnelle. Il est important de noter l'immense risque que prennent ces résistants pour diffuser ce genre de journaux. La police devient aussi un obstacle car elle surveille énormément tous les lieux publics, ce qui ne rend la diffusion possible que « sous le manteau » ou alors elle s'établit par le biais de plusieurs équipes de résistants. Enfin la réalisation et la diffusion de ces journaux exposent à de nombreux dangers qui provoquent parfois la dispersion des équipes et ainsi très peu de journaux clandestins, une vingtaine à peine, parviennent à traverser toute la période de l'occupation. La répression concernant cette presse clandestine touche toutes les personnes susceptibles d'avoir réalisé, diffusé ou tout simplement lu les textes. La police intervient en se mettant à la recherche des lieux ayant servi à l'impression de ces journaux, de même que pour les dirigeants des réseaux clandestins qui subissent la déportation et l'exécution. Ils sont aussi victimes de prison, de torture par la Gestapo, d'exécution par fusillade ou de déportation sans retour dans les camps de concentration nazis, souvent le terme de la vie du résistant.

 Résistants arrêtés à Nice

 

 

 

 

 

Source : Google images

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